Fraîchement diplômés, Ben et Emma s'offrent des vacances en Thaïlande. Ils découvrent Bangkok et sa vie nocturne et rencontrent des routards avec qui ils partent pour Koh Samet. Là, Ben fait la connaissance de Fon, une jeune masseuse dont il s'éprend...

Éditions GOPE, 12.3 x 18.0 cm, 368 pages, ISBN 979-10-91328-14-2, 18 €

dimanche 11 septembre 2016

Un roman touristique qui vire au récit initiatique

Article original


Décidément, après Un os dans le riz et Fille de sang, les éditions Gope nous gâtent avec cette nouvelle parution d’une qualité littéraire que peuvent lui envier les grandes maisons d’édition !

Thai Girl est un livre à deux visages ; en effet, dans ce roman s’entremêlent deux mondes : celui des Farangs avec leurs petits soucis existentiels – trop/très souvent futiles – et celui des Thaïlandais – un monde dur derrière un sourire de façade où le but premier est de survivre, tout simplement.

Le début du roman nous trace la découverte des rues de Bangkok avec ses bars, ses go-gos et ses combats de muay thai par un jeune couple dont c’est le premier voyage à l’étranger ; puis, après avoir fait connaissance avec deux routards habitués de la Thaïlande et quelque peu désabusés, ils découvrent ce qu’ils s’imaginent être le paradis. Une plage au paysage paradisiaque où ils découvrent la pauvreté et même la misère que le soleil ne rend pas plus facile.

Puis le livre bascule et le roman « touristique » et quelque peu anodin, même si certains passages nous montrent une Thaïlande souvent ignorée des touristes, glisse vers le récit initiatique. Ben, le héros immature des premières pages, voit sa vie basculer par le départ de sa petite amie anglaise et découvre une autre vie au travers de Fon, jeune masseuse à la vie difficile mais tellement positive, Fon qui vit au jour le jour et dont la vie pourtant est tellement plus riche humainement, spirituellement que celle de Ben.

Il va ainsi découvrir un monde bien éloigné du confort et du luxe même minime auquel il est habitué. Un univers dur, impitoyable, un monde qui envoie une gamine de 13 ans au travail parce que le décès de son père l’oblige, elle l’aînée, à travailler pour aider sa famille à survivre dans un village d’Isan. Un monde difficile, âpre où la vie n’est souvent que survie et qui pourtant n’a pas rendu les gens amers ou aigris, bien au contraire. Au fil des pages, Ben ira de découverte en découverte qui donneront un tout autre sens à sa vie.

Dans ce livre, Hicks y dénonce également le tourisme sexuel trop facilement accepté par les Occidentaux sous prétexte que les ladybar’s sont toujours souriantes, sourire qui cache souvent une misère sociale et affective qu’il est si facile de ne pas voir.

Si l’on sent un profond amour du pays et des gens par l’auteur, celui-ci est conscient que la Thaïlande évolue vers une société purement consumériste, oublieuse de ses valeurs et perdant son âme dans l’argent et la démesure. Ce roman est surtout un merveilleux cri d’amour et de respect à l’Isan et ses habitants, bien loin des clichés que l’on associe trop souvent à cette région.

À lire, comme toutes les parutions de cette petite mais dynamique maison d’édition !

Rudy Delhaye
Avril 2016

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